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"Sonia Sognare" - Italie, Pescia.


Dans l’oeil de mon objectif :

Prénom : Silvia

Âge : 39 ans

Ville : Pescia

Profession : Historienne


 

Début septembre est la période idéale pour se ressourcer en Toscane et plus particulièrement aux « Cinque Terre ». L’air y est agréable, les touristes sont repartis. J’ai besoin de retrouver du calme après mon séjour agité à Naples.


Le Bus qui me conduit à Manarola ne m’inspire pas confiance aux bruits étonnants de crécelle mêlés à une odeur de graisse chaude. Je somnole en cette fin d’après-midi. J’ai les deux fauteuils pour moi, je me suis recroquevillée en boule avec ma veste en jean en guise de couverture malgré une chaleur encore bien présente.

Mon sommeil fut de courte durée. Il est 19h, le soleil flirte déjà avec l’horizon et le bus s’arrête au centre de la ville de Pescia. Notre chauffeur visiblement agacé et fatigué nous explique qu’il y a une panne mécanique, apparemment en rapport avec la direction. Un nouveau bus arrivera le lendemain midi et nous devons trouver un hôtel pour ce soir.


C’est à l’hôtel « Casa Vacanza Ilia » que je rencontre Silvia, une historienne qui travaille au musée « Cenacolo di Andrea del Sarto » à Florence. Elle dine seule en terrasse à la table à côté de moi. Les cheveux tirés se terminant en chignon un peu stricte, des créoles aux oreilles, elle semble prêter plus d’attention à un livre parlant de la religion catholique en Italie ainsi qu’un carnet de notes plutôt qu’à son assiette qui semble être déjà refroidie depuis un moment.

Je l’observe de façon presque hypnotique en me demandant qui pouvait être autant intéressé par la religion au point de ne pas profiter du magnifique couché de soleil. Malgré sa concentration, je me paie le culot de l’interpeler en lui lançant un « ça a l’air passionnant ce que vous lisez ! ». Je m’attendais bien évidemment à un regard sec et une réponse poliment brève ; mais à ma surprise elle ferma son livre pour m’offrir un large sourire et un verre de vin de Toscane.

Elle m’apprend qu’elle est docteur en histoire spécialisée dans les religions.

Nous terminons la soirée à la même table en se racontant quelques banalités puis elle me confie qu’elle a été détachée par la direction de son musée florentin pour étudié l’histoire étonnante d’une nonne de Pescia ayant vécue au 17ème siècle, Benedetta Carlini.




D'abord considérée comme sainte aux yeux de ses sœurs et de sa hiérarchie pour de pseudos miracles, Benedetta se montra en fait autant inspirée par Dieu que par les plaisirs de la chair avec son amante. Elle prétend communiquer avec Dieu, elle entre en transe en se mettant dans la peau d’un ange appelé Splenditello et présente même des stigmates. On la prend au sérieux et est nommée abbesse. On lui assigne une sœur, Bartolomea, pour veiller sur elle et on lui autorise même de prêcher, fait rare pour une femme à l’époque. Elle persuade la sœur d’avoir des relations sexuelles avec elle alors qu’elle se trouve dans la peau de Splenditello.

Les hautes autorités religieuses commençant à s’inquiéter de cette figure originale ont envoyé des enquêteurs afin de déterminer si Benedetta Carlini est une sainte ou une imposture. Il s’avéra qu’elle avait tout inventé et qu’elle s’était infligé elle-même des blessures pouvant passer pour des stigmates. C’est Bartolomea, qui avoua aux enquêteurs que la nonne entretien une relation homosexuelle avec elle.

L’abbesse est condamnée à 35 ans de réclusion. Benedetta décèdera à l’âge de 71 ans.


C’est en remontant dans nos chambres respectives que j’ai fait le portrait de Silvia.


Le lendemain matin mon historienne était déjà partie enquêter lorsque je me suis rendu dans la salle du petit déjeuner. C’est en partant rejoindre un bus flambant neuf sur la place du Marché aux Fleurs que je croise Silvia. Je lui dis que son histoire de nonne m’a un peu bouleversé et qu’au nom de la religion l’être humain est capable de beaucoup de choses et souvent du pire.


C’est avec un sourire plein de malice qu’elle approche de mon oreille et me dis : alors je vais encore te bouleverser, « je m’appelle Silvia Carlini. »

Je la regarde avec des yeux écarquillés et elle s’en retourne en éclatant de rire en me lançant un « arrivederci Sonia ! »


 

Ce qu’elle m’a apporté :

Tout comme la religion, derrière les façades

des idéaux et des visages peut se cacher

les pires actes et les pires personnages.




A suivre....

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